France, grève du 17 décembre 2019 : entre 615 000 et 1.8 millions de manifestants dans les rues contre la réforme des retraites

Mardi 17 décembre 2019 a eu lieu une 13ème journée de mobilisation contre la réforme des retraites en France, un appel à manifester de la part de tous les syndicats et largement suivi par la population.

Tous dans la rue : cheminots, enseignants, personnel médical, salariés du privé, fonctionnaires, syndicalistes et politiques… Un rassemblement relativement inédit puisque pour la première les manifestants ont répondu à l’appel de tous les syndicats, CFDT y compris. Un seul slogan qui réunit : non à la réforme des retraites ! Ce mardi 17 décembre 2019, les Français qui sont descendus dans la rue étaient nombreux : entre 615 000 et 1.8 millions répartis dans l’Hexagone, 76 000 à Paris selon les Forces de l’Ordre (350 000 selon la CGT) mais aussi plusieurs milliers de personnes à Marseille, Toulouse, Lyon, Nantes, Bordeaux, Lille ou encore Caen et Montpellier. Un mouvement de révolte qui ne fait que prendre de l’ampleur ces dernières semaines. Retour sur une journée de contestation sociale en France. [caption id="attachment_914" align="alignnone" width="300"] Les syndicats unis contre la réforme des retraites le mardi 17 décembre 2019[/caption]

Réforme des Retraites : tous unis contre un gouvernement fragilisé

Une réforme houleuse qui devait être portée par Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire aux retraites. Qui devait…mais voilà que le gouvernement Macron se trouve grandement fragilisé après la démission du « Monsieur retraites » lundi 16 décembre 2019. La cause : les scandales de ces derniers jours sur ses activités et mandats non déclarés. Une démission qui ébranle les plans d’Emmanuel Macron, cherchant un remplaçant qui mènerait cette réforme tant décriée, jusqu’au bout et coûte que coûte.

Une revendication claire : le retrait de la réforme

C’est en ces temps de fragilité gouvernementale que les syndicats ont décidé d’être solidaires et unis ce mardi 17 décembre 2019 puisque tous, ont lancé un appel à la mobilisation : CGT, FO, CFE-CGC, UNEF, MNL, UNL, FIDL, Solidaires, FSU et même la CFDT, incitant même à multiplier les actions jusqu’à la fin de l’année 2019, sans trêve de Noël, et jusqu’au retrait du projet de réforme. Extrait du communiqué de l'intersyndical du mardi 17 décembre 2019 : « Les organisations (…) demandent au gouvernement le retrait total du projet sans délai. Les organisations appellent l’ensemble du monde du travail et la jeunesse à poursuivre et renforcer la grève, y compris reconductible (…). Sans annonce du retrait, il n’y aura pas de trêve (…). Sans réponse du gouvernement dans les heures qui viennent, elles décideront des suites nécessaires, au-delà du mois de décembre ».

Unis, mais des revendications différentes

Ils sont certes unis, mais certains syndicats comme la CFDT, la CFTC et l’UNSA ont tenu à marquer leurs différentes, notamment visuellement : dans les cortèges unifiés, ils avaient  leurs propres banderoles et défilaient notamment pour une cause : l’amélioration du contenu du projet de fusion des 42 régimes existants en un système universel. Autre cheval de bataille les concernant : le refus de l’introduction en 2022, d’un « âge d’équilibre » qui doit atteindre 64 ans en 2027 avec pour but de favoriser l’équilibre des comptes grâce à un système de bonus-malus.

Une gauche unie pour demander le retrait de la réforme

Ils étaient tous dans la rue. Les leaders des différentes sensibilités de gauche étaient présents en cette journée de grève du 17 décembre 2019 : Jean-Luc Mélenchon pour La France Insoumise, Olivier Faure pour le Parti Socialiste et Julien Bayou pour Europe Écologie Les Verts.
  • Jean-Luc Mélenchon : « Les gens raisonnables discuteraient. S’il était raisonnable, il retirerait son projet ».
  • Olivier Faure : "Le gouvernement est aujourd'hui ultra-minoritaire. Il n'y a plus un seul syndicat qui soutient sa réforme. Comment prétendre pouvoir mettre en place une réforme systémique sans base sociale et politique ?"
  • Julien Bayou : "Le gouvernement est en train de braquer toute la population en disant : il faut se dépêcher. Mais en fait, il n'y a pas d'urgence"

Réforme des Retraites : les temps forts de la grève du mardi 17 décembre 2019

Dès les premières heures du matin, nous avons suivi les étapes de cette journée de mobilisation partout en France, revivez les temps forts de la journée en quelques points essentiels.

Grève du mardi 17 décembre 2019 : les temps forts, heures par heures

  • Les rassemblements ont commencé dès 10h30 du matin, notamment en région : Nantes, Lyon, Quimper, Le Havre, Le Mans, Strasbourg, Saint-Nazaire, Nice, Nevers ou encore Orléans et Bourges. Un premier constat dès les premières heures, et ce, partout en France : les chiffres sont partout supérieurs à la précédente mobilisation.
  • Sur les coups de 11h15 ce sont les intermittents du spectacle qui ont marqué le coup en bloquant les tournages : télévision, cinéma, publicité…
  • Vers 11h40 du côté de Nantes, les manifestants de la CGT ont bloqué l’accès à l’aéroport pour ralentir l’activité de la zone.
  • A 11h50 les agents pénitentiaires se mobilisent. Notamment à Fleury-Mérogis où des manifestants ont décidé de bloquer l’accès à la maison d’arrêt.
  • A Paris, place de la République : les premiers rassemblements se dessinent sur les coups de midi. Le départ est prévu pour 13h30 en direction de la Nation.
  • A midi, les premiers chiffres de la mobilisation des enseignants tombent : un taux de grévistes annoncé à 25.05% selon le ministère de l’Éducation Nationale. Entre 50 et 60% pour les syndicats.
  • A 12h20 les cheminots se démarquent avec un taux de participation à la grève annoncé à 75.8% chez les conducteurs.
  • A 12h30 : 40 000 foyers lyonnais se retrouvent sans électricité suite à une coupure volontaire liée au mouvement social. Même chose en Gironde et vers Villeurbanne : la CGT de RTE assume et revendique les coupures.
  • 13h30 à Paris : les Gilets Jaunes rejoignent République et la place se remplit.
  • A 13h40 les journalistes font part d’un cortège impressionnant à Marseille : la CGT revendique 200 000 manifestants dans la Cité phocéenne.
  • 14H20 : on constate qu’au moins 5 raffineries sur 8 sont bloquées selon l’Ufip.
  • 14h30 : les robes noires des avocats rejoignent le cortège de République.
  • 15h : un concert est improvisé dans le cortège parisien, organisé par le personnel de l’Opéra de Paris, en grève.
  • 15h25 : Édouard Philippe intervient dans les médias, persiste et signe : « Ma détermination, celle du Gouvernement, celle de l’ensemble de la majorité, est totale ! ».
  • 15h45 : premiers lacrymogènes et premiers mouvements de foule dans le cortège parisien. Plusieurs interpellations ont lieu.
  • 17h00 : la SNCF et la RATP annonce déjà de nouvelles perturbations sur le trafic pour le mercredi 20 décembre.
  • C’est sur les coups de 17h15 que les Forces de l’Ordre décident de sonner la fin de la grève et commence à disperser les foules à Paris.

L’essentiel de cette grève du mardi 17 décembre 2019

  • La CGT revendique 1.8 millions de manifestants dans toute la France. Le ministère de l’Intérieur lui annonce 615 000 personnes dans les rues.
  • Les transports en commun franciliens ont tous été bloqués
  • Une trentaine d’interpellations ont eu lieu tout au long de la journée à Paris
  • Trafic aérien également perturbé avec 20% du programme de vols au départ et à l’arrivée d’Orly réduit.
  • Ont rejoint la grève du mardi 17 décembre 2019 : les transports publics, les personnels hospitaliers, les contrôleurs aériens, les avocats, le personnel de l’Education Nationale, le personnel pénitentiaire, les magistrats, les pompiers
  • Édouard Philippe a tout de même annoncé une « rencontre » avec les organisations syndicales dès le mercredi 18 décembre à partir de 14h30
[embed]https://www.youtube.com/watch?v=fiuqvZUkU0U[/embed]